Préfacé par Henri Blocher,
l’ouvrage part du constat selon lequel, en milieu évangélique, dans la sphère
anglo-saxonne, et à partir du début du XIXe siècle, de nombreuses missions
tournées vers le peuple juif, comme le mouvement Jews for Jesus, se servent de
Rm 1,16 comme argument pour faire de cette mission une priorité, avant même la
mission aux Grecs. L’A. trace l’historique de cette réception de Rm 1,16,
dresse une liste de douze arguments qui ont été apportés en faveur d’une telle
entreprise, puis se lance dans une étude exégétique de Rm 1,16 qui l’amène à considérer
que pareille exégèse n’est pas justifiée. À la lumière de Rm 3,2, il considère
en effet que le prôton de Rm 1,16 doit être compris, dans la pensée de Paul et
dans l’univers de représentation du Ier siècle, en termes de priorité des Juifs
sur le plan de l’histoire de l’Alliance, en ce sens que les promesses faites
aux patriarches doivent être accomplies, que les Juifs doivent être les
premiers bénéficiaires de l’Évangile et les premiers à être jugés (2,9-10),
comme ils ont été les premiers à avoir connaissance de la Torah. Il n’est donc
pas question d’une priorité qui concernerait la mission au peuple juif
aujourd’hui. Un dernier chapitre s’emploie à relier Rm 1,16 et Rm 9– 11 et
considère que ces derniers chapitres expliquent comment «Dieu a choisi de
traiter la question du salut de tous, le peuple juif d’abord, ensuite les
païens, et ensuite, ànouveau,
le peuple juif » (p. 190), dans un mouvement de retour vers le peuple avec
lequel a été conclue l’Alliance en premier lieu. Écrit par un évangélique qui a
été engagé dans la pratique missionnaire des Jews for Jews, l’ouvrage atteste
un recul bienvenu par rapport à la réception du texte dans ce milieu, tout en
partant d’un questionnement qui pourra paraître quelque peu dépassé dans des
milieux accoutumés au dialogue judéochrétien.
Christian Grappe
Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses, Année 2015, 95-3, pp. 393-394.
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